Par David Morgan, 17 août 2023, pour Asian Racing Report
Victime d’une lourde chute le 29 juillet dernier sur l’hippodrome de Niigata au Japon, le jockey chinois Vincent Ho s'est alors fracturé la 5ème vertèbre thoracique (entre les omoplates), en plus de subir un coup du lapin et d’un pneumothorax au poumon.
Il passe depuis le plus clair de son temps sur le dos et s’apprête à séjourner dans une clinique suisse spécialisée dans la convalescence et la récupération des athlètes. À l’issue de la meilleure saison de sa carrière à Hongkong, à la deuxième place du classement des pilotes avec 96 victoires, Vincent Ho avait prévu de poursuivre ses « vacances » en Grande-Bretagne avec une participation à la Shergar Cup à Ascot -où son confrère Matthew Chadwick s’est illustré- puis au meeting de Glorious Goodwood.
Tous ces projets se sont évanouis sur la piste de Niigata, où il a perdu connaissance une dizaine de minutes avant qu’une douleur terrible ne le réveille. « Je hurlais de douleur, a-t-il déclaré à Asian Racing Report. Je me souviens de tout jusqu'à mon atterrissage. Je me souviens de la course, du cheval, de chaque détail. Tout le monde m'en parle depuis mon retour. J’aurais pu avoir une blessure plus grave et alors je pense que je n’aurais pas survécu car le temps d’attente, que j'estime à 50 minutes, avant mon admission à l'hôpital aurait été trop long pour une hémorragie interne ou une hémorragie cérébrale ».
Entouré de machines qui aident son corps à se reconstituer, Vincent Ho est retourné chez lui à Hongkong le 4 août par un vol sanitaire organisé par le Hong Kong Jockey Club. Depuis, il consacre tout son temps à sa rééducation… « En termes de douleur, je ne ressens plus grand-chose, explique-t-il. Ce n'est pas forcément une bonne chose parce que lorsque j'oublie la douleur, je risque un faux mouvement. Je suis beaucoup de séances de récupération, de traitements. La plupart de mon temps, je le passe couché à plat sur le dos, même lorsque je m’exerce ou que je suis en voiture. Les deux premières semaines ont été cruciales parce qu’il ne fallait pas trop comprimer la colonne vertébrale. Si elle se comprime, la vertèbre peut toucher un nerf et l’endommager de telle sorte que cela me poserait des problèmes par la suite. Je vais dans la chambre à oxygène hyperbare ; je peux m'asseoir sur un vélo fixe et pédaler ; j'ai fait de l'entraînement cardio et aussi un peu de renforcement des jambes, un peu dans les bras et le haut du corps… Mais je ne peux pas rester debout ou assis trop longtemps, alors je fais généralement des exercices couchés à plat avec des bandes de résistance ou de petits poids. Mon rétablissement occupe tout mon temps et toutes mes pensées. Je suis impatient de rentrer dans cette clinique en Suisse. Même à l'Institut des sports de Hongkong, ils n'ont pas d'installation comparable. C'est une unité entièrement dédiée à la rééducation des athlètes. J'espère que cela m’aidera, pas seulement physiquement mais mentalement, aussi. Un peu de temps loin de Hong Kong et loin du travail me fera du bien. »
Vincent Ho a atteint l'élite des jockeys de Hongkong grâce à une volonté inébranlable de progresser et un travail incessant. Il a passé ses étés à monter à l’étranger tandis que la plupart de ses confrères prenaient le temps de se changer les idées. Ici encore, face à l’adversité, il cherche à tirer des leçons de cette expérience… « Si le destin a voulu que je fasse une pause, je suis bien forcé de le respecter, dit-il. Je peux encore respirer et j'en suis reconnaissant. Cela pourra peut-être me donner l’occasion de m’améliorer ou d’apprendre quelque chose d’autre, de passer plus de temps en famille, aussi, car je n’ai pas été très présent, ces dernières années. Je n'arrête jamais d'apprendre, alors j’observe attentivement ma rééducation, j'apprends à aider mon corps à guérir plus rapidement, à mieux me nourrir, à progresser. Mon séjour en Suisse pourrait m'aider à adopter un point de vue et des connaissances supplémentaires. Tout ça arrivé pour une raison. »
« Ce n’est pas ma première mauvaise chute et il faut faire face, ne pas évacuer l’accident sans l’avoir confronté, explique Vincent Ho, associé au meilleur cheval de Hongkong, Golden Sixty, trois fois sacré cheval de l’année là-bas. Les meilleurs athlètes évoquent désormais régulièrement leur santé mentale. Nous avons à notre disposition des psychologues sportifs et des coaches qui peuvent nous aider à traverser ces périodes difficiles. Il ne faut pas éviter le sujet. Je vais devoir gérer toutes les pensées négatives qui pourraient me venir à l'esprit lorsque je courrai à nouveau, pousser les limites de ma résilience pour diriger mon énergie dans le bon sens. Je pense que ce n'est pas un problème. »
La perspective de faire à nouveau équipe avec Golden Sixty aide son rétablissement. Vincent Ho l’a monté à chacune de ses 29 sorties au fil de cinq saisons et il est convaincu de pouvoir garder sa place : « Il ne courra pas avant novembre. J’ai tout mon temps », sourit-il.