Un projet de tribunes sur l'hippodrome de Conghua...
Traduction d’un article paru dans le South China Morning Post le 14 novembre dernier sous la plume de Sam Agars
Vidéo de l'interview ici : https://youtu.be/PEtyUEm-6q8
Au cours d’une interview accordée au South China Morning Post, Winfried Engelbrecht-Bresges, directeur général du Hong Kong Jockey Club, a dessiné un avenir dans lequel la Chine Continentale accueillait et encourageait l’industrie des courses et de l'élevage de chevaux. Le Jockey Club continue de collaborer avec les autorités chinoises dans des domaines tels que l'intégrité, le bien-être des chevaux et le contrôle des maladies dans le but de rendre un tel projet possible.
L'hippodrome de Conghua, centre d’entraînement alternatif du Hong Kong Jockey Club situé à environ 300km de Hong Kong, est la pièce maîtresse des efforts du club sur le continent. Toutefois, le projet dépasse ce seul périmètre. Le Club continue d'offrir ses conseils et son expertise aux officiels chinois qui développent et promeuvent les courses hippiques dans le cadre d'un Plan national de développement de l'industrie équine (2020-2025).
Ce plan directeur s'articule autour de l'élévation des courses hippiques chinoises aux normes mondiales, de l'amélioration du bien-être des chevaux et du renforcement de l'intégrité, en vue de la mise en place éventuelle d'un système pilote pour les courses hippiques sur la base du système de loterie sportive déjà en place sur le continent.
La Loterie sportive chinoise comprend en effet une loterie de football et pourrait un jour inclure les courses hippiques, que ce soit à Conghua ou ailleurs dans le pays.
« Le Plan national de développement de l'industrie équine indique qu'il pourrait y avoir, peut-être dans une zone pilote, une loterie sportive sur les courses de chevaux », a déclaré Engelbrecht-Bresges lorsqu'on lui a demandé si le Jockey Club pourrait un jour organiser des paris à Hong Kong sur les courses de Conghua. L'élément-clé est l'intégrité. Il faut qu'elle soit garantie, car c'est l'une des plus grandes préoccupations du régime. Il y aura une industrie des courses et de l'élevage en Chine, dans cinq, dix ou quinze ans. Or Hong Kong est considéré comme un centre d'excellence mondial. Nous aidons donc les autres organisateurs à améliorer leurs systèmes, renforcer l’intégrité de leur activité et franchir les obstacles techniques. Nous avons reçu la visite de personnes très haut placées en Chine qui ont examiné nos procédures, notamment dans la lutte contre les marchés illégaux et la formation de nos apprentis. Ils se sont dits impressionnés et, pour le moment, nous travaillons avec l'administration sportive [autour] des programmes de formation que nous avons pour l'intégrité dans le sport [et] la formation en Chine continentale. »
En juin, le Club a annoncé l'ouverture d'un module des courses hippiques à l'Institut professionnel du sport du Guangdong, qui servira de base au programme de formation professionnelle en double cursus (courses hippiques), comprenant une formation académique et une formation professionnelle.
Le plan quinquennal de développement équin de la Chine soutient les courses hippiques en tant que sport et l'énorme demande d'activités équestres sur le continent est mise en évidence par l'augmentation du nombre d'écoles d'équitation, avec 8 000 écoles réparties dans toute la Chine contre 1 000 il y a quelques années.
Le plan définit également des objectifs concernant les pratiques d'élevage, les normes vétérinaires et sanitaires et le contrôle des maladies.
« En 2027, une installation de quarantaine verra le jour à Conghua, ce qui permettra l'exportation de chevaux de Hong Kong vers la Chine, a expliqué Winfried Engelbrecht-Bresges. Plus tard, les meilleurs chevaux, qu'ils soient destinés aux sports équestres ou à la course, pourraient passer par cette station de quarantaine. Ils pourraient théoriquement courir ensuite à Conghua, à Happy Valley et à Sha Tin. Ce serait un argument massif pour une industrie des courses et de l'élevage en Chine Populaire. On peut imaginer des ventes aux enchères de ces chevaux, par exemple. Il faut envisager le projet sur le long terme. »
Winfried Engelbrecht-Bresges a également confirmé que le Club prévoyait des animations hebdomadaires sur l'hippodrome de Conghua pour compléter le programme de courses hippiques, qui doit débuter sur son site continental en avril 2026.
« Cette installation n'est pas seulement conçue pour quatre, cinq ou six réunions de course [par saison]. Il y aura tous les week-ends des programmes équestres et nous avons des idées d'activités autres que les courses, a-t-il déclaré. Il faut une animation tous les week-ends, il faut que le site devienne une destination. Nous [allons] donc créer un centre d'accueil des visiteurs qui sera absolument unique en matière de technologie, et nous l'exploiterons notamment pour raconter l'histoire des courses hippiques. Nous devons faire partie d'un écosystème et développer les revenus pour soutenir l'économie de Conghua. »
Naturellement, la perspective d’un essor des courses hippiques sur un marché comme la Chine serait de nature à modifier profondément les grands équilibres des courses mondiales. Les investissements de propriétaires chinois, et pas seulement à Hong Kong, ces dernières années est encore le résultat d’initiatives parcellaires. L’expérience nous apprend que les initiatives de particuliers chinois ne sont encouragées qu’à la condition de servir l’intérêt général du pays. À la seconde où l’activité crée un désordre, la main de Pékin entre dans le jeu, parfois de façon définitive.
La route qui mène à des courses et des paris hippiques en Chine est encore longue.
Moins qu’hier et plus que demain, mais tout de même…